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Les applications de suivi de la fécondité peuvent fournir des informations trompeuses, et ne doivent pas être utilisées pour aider à concevoir ou comme outil de contraception, selon une analyse des applications pour téléphones intelligents disponibles au Royaume-Uni et au Canada. Les applications les plus fiables sont généralement celles qui sont gratuites.

Plusieurs applications ne sont pas fiables

Il existe des centaines d’applications qui offrent la possibilité de suivre les menstruations, afin d’obtenir ou d’éviter une grossesse. Pour déterminer leur fiabilité, Joyce Harper, de l’University College London, et ses collègues ont examiné les 200 applications de suivi de la fécondité proposées sur l’App Store iOS d’Apple.
Tout d’abord, ils ont retiré les applications qui étaient défectueuses, qui n’avaient pas été mises à jour depuis trois ans, et qui ne proposaient pas de prédire la « fenêtre de fertilité » d’une utilisatrice. Il restait donc 90 applications.
Un peu plus de la moitié de ces applications prédisaient cette fenêtre, en fonction du moment où une utilisatrice avait ses règles. Cette « méthode du calendrier » est basée sur le fait que, généralement, l’ovulation a lieu le 14e jour du cycle menstruel, et que la fertilité est la plus élevée dans les jours qui précèdent.
Mais cette méthode est imparfaite, affirme M. Harper. « Votre cycle menstruel n’a rien d’un manuel », dit-elle. « Toutes les femmes n’ont pas un cycle de 28 jours, nous n’ovulons pas toutes le 14e jour. » En fait, les récentes recherches de Mme Harper, basées sur les données saisies dans une autre application de fertilité, suggèrent que la femme moyenne ovule le 17e jour.

Une période d’ovulation qui varie selon les applications

« Dans notre étude, les femmes ont ovulé entre le 10e et le 26e jour », explique M. Harper. Les applications qui se basent uniquement sur les dates, fournissent des informations inexactes et pourraient faire en sorte que certaines utilisatrices, ratent leur période de fertilité, prévient-elle.
Les applications plus fiables, prenaient en compte d’autres marqueurs de la fertilité basés sur les données fournies par l’utilisatrice, comme la température corporelle, qui augmente pendant l’ovulation, et les informations sur l’évolution de l’état de la glaire cervicale. Mme Harper se dit surprise de constater que, dans l’ensemble, les applications gratuites utilisent plus de ces biomarqueurs que les applications payantes.
Pourtant, aucune prédiction ne sera parfaite, et seulement 57 % des applications ont fourni un avertissement à cet effet. Seules cinq des applications déconseillent l’utilisation de l’application pour la contraception. « Il ne faut pas compter sur elles pour la contraception », déclare Rhonda Zwingerman de l’université de Toronto au Canada, qui n’a pas participé à cette étude.

Certaines peuvent aider

Cela ne veut pas dire que certaines applications ne seront pas utiles. Les applications qui se contentent de suivre les dates des règles peuvent aider celles qui souhaitent se faire rappeler la date de leurs règles, et pourraient aider à remarquer quand les règles semblent exceptionnellement éloignées, ce qui pourrait signaler des problèmes d’ovulation.
Mais même les informations sur les règles ne doivent pas être prises trop au sérieux. Dans le cadre de recherches en cours, M. Harper a entré les mêmes dates dans 10 applications différentes, ce qui a donné des prédictions différentes pour la date des prochaines règles. « Les femmes ne devraient pas s’inquiéter si leurs règles n’arrivent pas le jour indiqué par l’application », dit-elle.

Utiliser les applications qui utilisent plusieurs facteurs

Mme Harper conseille de rechercher une application qui prend en compte de multiples facteurs, pour prédire l’ovulation. Mais Mme Zwingerman met en garde contre le fait que plusieurs d’entre elles peuvent encore véhiculer des informations inexactes.
Les propres recherches de Mme Zwingerman ont révélé qu’environ 22 % de ces applications fournissaient de « graves inexactitudes » dans les autres informations qu’elles fournissaient. « Presque toutes ces applications prétendaient être capables de prédire le sexe de votre enfant, en fonction de la date à laquelle vous avez eu des rapports sexuels durant le cycle », dit-elle. « Juste pour être clair, ce n’est pas comme ça que ça fonctionne ».
Cette recherche a été publiée dans Reproductive BioMedicine Online.
Source : New Scientist
Crédit photo : StockPhotoSecrets