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Un changement climatique incontrôlé pourrait mener les manchots empereurs à l’extinction d’ici la fin du siècle à mesure que la glace de mer disparaîtra. Mais si le monde atteint l’objectif le plus ambitieux de l’accord de Paris sur le climat, à savoir limiter l’augmentation de la température mondiale à 1,5°Celsius, le nombre des espèces emblématiques diminuera de moins d’un tiers.

Les manchots empereurs menacés de disparition

Stephanie Jenouvrier, de la Woods Hole Oceanographic Institution du Massachusetts, a découvert que l’avenir des manchots empereurs dépend des efforts internationaux en matière de climat plutôt que de leur capacité à s’adapter et à déménager dans de nouveaux endroits.
« Les manchots sont cette espèce indicatrice, ce canari dans la mine de charbon, ils nous avertissent de l’effet futur du climat. Le message est que nous devons écouter ces pingouins et mettre en œuvre des politiques pour atteindre l’objectif de l’Accord de Paris, et nous devons le faire maintenant », dit-elle.
La disparition de la glace de mer affecte directement les manchots empereurs parce qu’ils en dépendent pour leur saison de reproduction de neuf mois, ainsi que pour muer et échapper aux prédateurs. Mais la glace est également cruciale pour l’espèce car elle influence la nourriture dont elle dépend, y compris le krill.
Les changements de la glace de mer affectent déjà les manchots empereurs, avec des échecs de reproduction pendant trois années consécutives à leur deuxième plus grande colonie de l’Antarctique, cloués sur la débâcle précoce de la glace utilisée pour la reproduction.

Une baisse de 81 à 86 % de la population d’ici 2100

Pour examiner le sort des quelque 595 000 empereurs de la planète à mesure qu’elle se réchauffe, Jenouvrier et ses collègues ont modélisé les colonies et les populations futures selon trois scénarios différents : atteindre l’objectif de 1,5 °Celsius de l’accord de Paris, son objectif minimal de 2 °Celsius au plus, et ce qui arriverait si les émissions continuent à augmenter comme elles le sont actuellement.
Ils ont combiné un modèle climatique global, des projections des glaces de mer et différents scénarios sur la façon dont les manchots pourraient se disperser, ce que la plupart des études n’examinent pas. Il en a résulté une baisse de 81 à 86 % de la population d’ici 2100 selon le scénario du maintien du statu quo, selon la façon dont les animaux se dispersent dans de nouveaux endroits.
« Selon moi, la population va s’éteindre », dit Jenouvrier à propos d’un tel résultat. Un tel déclin laisserait si peu d’individus qu’en matière écologique, ils seraient considérés comme en voie d’une extinction, dit-elle. En revanche, un réchauffement de 1,5 °Celsius entraînerait une baisse de 31 % et de 2 °Celsius, une baisse de 44 %.

Un avenir sombre

Peter Fretwell du British Antarctic Survey, qui n’a pas participé à cette étude, dit qu’il y a encore beaucoup d’incertitude quant à la façon dont les manchots empereurs vont réagir au réchauffement de la planète, mais leur avenir semble sombre si les émissions ne sont pas réduites rapidement. « La différence entre un scénario où nous arrêtons le réchauffement climatique et un autre où nous ne le faisons pas est frappante. »
Cette recherche a été publiée dans Global Change Biology.
Source : New Scientist
Crédit photo : Pixabay